Leningrad

Leningrad
Il est des jours où le collectionneur a de la chance. Je faisais des photos sur un marché en plein air à La Havane quand je suis tombé sur un petit étal d’une trentaine d’appareils photo, la plupart d’origine soviétique (on sait pourquoi) et d’intérêt moyen. Mais trônait au milieu un Leningrad, sans doute le plus évolué des 24x36 à télémètre couplé produit en URSS. Le prix pour moi n’était pas trop élevé, mais pour le vendeur, ce fut un bon petit pactole une fois converti en peso cubano.



Cet appareil, produit par GOMZ, est de construction massive (on dit parfois « bâti comme un char russe T34 ») et donne une impression de solidité. Mais tout est fait pour qu’il soit facile à réparer : sur le capot, une grosse vis (démontable avec une clé à 2 ergots) permet d’accéder au réglage du télémètre et les quatre vis, généralement cachées sous le revêtement, qui permettent d’accéder à la chambre de prise de vue sont bien visibles. Réparations en perspective ?
Si l’appareil, mis sur me marché en 1956, a toutes les caractéristiques d’un 24x36 haut de gamme de l’époque (obturateur 1-1/1000 s, pose B, excellent objectif amovible Fed sur une monture 39mm comme le Leica et ses copies Fed et Zorki, retardement, télémètre) l’armement et l’obturation sont confiés à un moteur à ressort remonté par le gros bouton (à gauche sur la photo). L’appareil peut prendre 25 vues sans remontage, mais ce n’est pas une rafale : il faut redéclencher pour chaque vue.
Le Leica M3, grand tournant dans la production Leica, est sorti en 1954. Le Leningrad en adoptera (en moins évolué) le télémètre/viseur : grande base, un seul oculaire, cadres dans le viseur pour 3 objectifs.
Et, cerise sur le gâteau, la petite béquille qui permet à l’appareil de tenir debout. Tout appareil doté du retardement devrait en être muni. Si les constructeurs pouvaient m’entendre !
L’appareil sera produit pendant 12 ans sans grosse modification. 75000 appareils, ce n’est pas énorme.

À bientôt
Henri

Comme quoi il faut toujours prendre son temps et fouiner lors des brocantes pour découvrir des trésors

Merci pour ce partage.

En plus de nous faire une belle présentation, j'ai aimé lire comment tu avais acquis cette appareil . Il paraît être en bon état en plus !

Il présente bien, c'est la première chose que je lui demande. La collection exclusive d'appareils en état de fonctionnement est en dehors de mon budget. Bien sur, quand l'appareil fonctionne, j'en suis plus heureux.
L'obturateur du Leningrad que vous avez vu est "jammed" comme disent nos voisins outre-manche (en confiture! le terme est explicite. Je dirais planté, mais c'est moins imagé). Je ne l'ai pas ouvert pour voir le problème. Apparemment une des bandes qui tirent le deuxième rideau est cassée. Peut-être essaierai-je de le réparer si je trouve une épave de Zorki ou de Fed dont le rideau soit compatible (ce qui est possible car toute l'industrie photographique soviétique était en relation). Mais ce n'est pas pour moi une préoccupation immédiate.
Bonne journée.